Vortex : Gaspar Noé choisit le silence

CRITIQUES COURTES

Thomas Cordet

9/12/20251 min read

Parfois, le cinéma baisse d’un ton. Tout en restant dans la fiction, il laisse place au réel. La mise en scène, le montage et le jeu s’accordent alors pour s’exprimer en prose, au rythme de la vie. C’est le parti pris de Vortex, sixième long-métrage de Gaspar Noé, qui ne ressemble à aucun des cinq précédents.

Bien loin du Climax, les fameux cuts au noir de Noé servent ici à découper les plans comme pour fragmenter la réalité, comme un clignement des yeux. Chaque cut annonce un nouvel instant pour Elle, un instant déconnecté du précédent par une mémoire malade. Le quotidien l'angoisse, mais ce n'est pas la peur de mourir : c'est la prise de conscience silencieuse qu'elle ne comprendra plus jamais.

L'image elle-même est coupée en deux, poussant la symbolique du couple et de la maladie encore plus loin. Comme les deux hémisphères du cerveau qui ne communiquent plus, sauf pour quelques moments de raison et de tendresse. Un splitscreen aussi beau et utile ne peut être qu'applaudi.

La lenteur déconcertante du Vortex de Gaspar Noé sert sa pesanteur avec justesse, et le trio d'acteurs est merveilleux dans cette douleur pudique et lancinante. Les trois dernières minutes du film m'ont particulièrement atteint au moment où je m'y attendais le moins. Ces images m'ont pris de court et m'ont ramené à ma propre existence, avec une pensée finale résonnante :

Nous ne sommes que de passage.