Testa o croce : Buffalo Bill, des amants en fuite et une tête mise à prix
CRITIQUE NOUVEAUTÉS
Jeanne Guetaz
7/30/20252 min read
Telles sont les lignes directrices développées par les deux réalisateurs italo-américains Matteo Zoppis et Alessio Rigo de Righi dans Testa o Croce ?, leur troisième long-métrage. Sélectionné lors de l’édition de Cannes 2025 dans la section Un certain regard, le film se réapproprie les codes du western spaghetti et de l’anti-western (on peut ici penser à La Porte du Paradis de Michael Cimino (1980). Le résultat est un film explosif, trash, burlesque, décalé, rythmé par l’amour, la sueur et le sang, et porté par l’héroïne du film, Rosa, qui donne au film toute sa puissance.


Mais contrairement à ce que l’on pourrait penser, Testa o Croce ? ne se déroule pas aux Etats-Unis ; c’est en Italie que l’on suit le destin de Rosa - jeune aristocrate mariée à un homme riche et plus âgé qu’elle n’aime pas- et de Santino. Ce dernier est un jeune buttero qui remporte la victoire lors d’un rodéo face à Buffalo Bill et ses cowboys, alors en tournée en Italie pour le Wild West Show. C’est à cette occasion que Rosa remarque Santino et en tombe amoureuse. Après le meurtre du mari de Rosa, Santino est soupçonné d’en être l’auteur. S’ensuit une chasse à l’homme : les deux jeunes gens s’enfuient, alors que leur amour prend son envol.
Rigo de Righi et Zoppis proposent dans le personnage de Rosa une figure féminine forte qui, se retrouvant seule, gagne son indépendance et sa liberté. On peut saluer la performance de Nadia Tereszkiewicz, qui donne à Rosa son intensité, incarnant de manière sensible cette jeune femme n’hésitant pas pour se faire justice, à tuer les hommes qui se dressent sur son chemin.


On peut également noter l’interprétation du très bon John C. Reilly, qui incarne un Buffalo Bill excessif et parodique, à travers lequel on peut lire une vision grinçante du rêve américain.
Le caractère théâtral du film est assumé par les réalisateurs, dans une structure en chapitres et une esthétique de l’artifice. En effet, la suite des évènements prend un ton décalé et le film joue avec la réalité, notamment lorsque la tête de Santino se met à parler alors qu’il vient d’être décapité par deux truants.
Enfin, Matteo Zoppis et Alessio Rigo de Righi signent un film dont l’esthétique rappelle le Technicolor, notamment à travers le travail sur la lumière et la colorimétrie qui nous offrent de très belles séquences de fuite à travers les paysages de la Toscane.
Jeanne Guetaz

