Mickey 17 : Une impression de déjà vu ?

CRITIQUE NOUVEAUTÉS

Thomas Lignereux Ocana

3/10/20252 min read

Sensément, il doit être assez dur de rebondir après ce succès, tant critique que commercial, qu'a été Parasite. Rarement un film aura été l’étendard de tout un pays, aura autant fait l'unanimité. Bong Joon-ho était donc plus qu'attendu, bien que n'ayant plus rien à prouver. On pouvait néanmoins avoir quelques craintes; la plus notable, celle de retourner aux États-Unis et faire un film pour un géant hollywoodien. Puis, il est clair que les films tournés hors de sa Corée natale - Snowpiercer et Okja - font partie de ses œuvres mineures.

Pouvait-il même faire mieux que Parasite, peut-être. Néanmoins, aucun film n'aurait pu recréer l’événement que ce dernier a été.

Bong Joon-ho ne délaisse pas pour autant la sève de son cinéma. Il ne faut pas oublier que l'aspect «divertissement» a toujours infusé ses films, - à part peut-être dans Mother – même dans Memories of Murder duquel une éminente drôlerie, frôlant parfois le burlesque, venait ponctuer la grande tension dramatique de la diégèse.

Ce recours récurrent à un humour, parfois noir, reste souvent un outil pour amplifier le discours sociétal instillé dans sa filmographie. Et Mickey 17 ne déroge pas à la règle.


Ce propos donc, assez engagé et rarement implicite, rappelle aisément la frontalité de Snowpiercer ou même Okja. Là où Mickey 17 semble se distinguer, sans doute pas en subtilité, c'est peut-être dans son irrévérence assez jubilatoire.

Son modèle satirique n'a rien d'inédit, mais il parvient au demeurant, et ce assez habilement, à s'émanciper du sérieux trop sérieux voire ennui cordial de Snowpiercer. Et cela toujours avec une maestria visuelle et une transparence au cordeau dans le découpage d'une efficacité redoutable, laissant place à de véritables fulgurances comiques.

Tout cela tient par une mise en œuvre certes conventionnel mais où le jeu de Robert Pattinson nous rappelle encore qu'il est sans doute le plus grand acteur anglo-saxon de sa génération, du moins du cinéma mainstream c'est certain. Si l'actorat général peut rebuter, du fait d'un surjeu volontaire chez certains personnages, il demeure tout à fait plaisant de s'y abandonner tant la générosité absurde inonde l'écran.


Finalement, Bong Joon-ho cède parfois à la facilité scénaristique pour coudre son fil narratif tout à fait académique et réglé, sans véritablement laisser d'espace à autre chose que «l'objet scénario», sans toutefois négliger l'efficacité au profit d'un divertissement à la satire sociale, rarement fine mais plutôt juste, touchante et surtout particulièrement amusante.


Thomas Lignereux Ocana