La Chimera, Alice Rohrwacher (2023)

CRITIQUES COURTES

Marie Boudon

9/1/20251 min read

Les pilleurs de tombe sont de superbes anti-héros. Ils commettent l’irréparable, mais vont danser au bal et s’amusent au village. Ils sont seuls et misérables, mais se tiennent compagnie. Il y a de la poésie en eux, parce qu’en déterrant des trésors enfouis sous la terre, ils les délivrent tout en les maudissant. Les pilleurs de tombes ne se ressemblent pas, ni aux autres ni à personne. Ils sont malhonnêtes, passionnés, ils se serrent les coudes et rient du malheur des escrocs. Et parmi eux se tient un homme qui porte un costume en lin de couleur sable, et qui vient chercher un autre genre de trésor. Un amour disparu.

Devant la caméra d’Alice Rohrwacher se déploie un récit aussi spirituel que grotesque, porté par un Josh O’connor mélancolique et silencieux, à l’image de l’Italie profonde et désabusée qui donne au film ses montagnes, ses villages et ses forêts. Il y a le monde de la surface et le monde souterrain, un duel de lumière et d’obscurité, deux entités qu’un coup de pioche suffit à réunir, mais à quel prix…

La Chimera est un film de fin d’été. Une histoire qui se regarde entre deux cycles, qui s’apprécie aux frontières. A voir tout doucement.

Marie Boudon