Critique : L’intérêt d’Adam de Laura Wandel
CRITIQUE NOUVEAUTÉS
Enzo Beaufort
9/29/20253 min read
Adam, 4 ans, est hospitalisé en pédiatrie pour malnutrition. Rebecca (Anamaria Vartolomei), sa mère, refuse de le laisser seul à l’hôpital. Lucy (Léa Drucker), infirmière dans ce service, va tenter de les aider au risque de défier sa hiérarchie.
Ce film de la belge Laura Wandel nous immerge dans un huis clos hospitalier ultra immersif et au plus proche de ses personnages. Les premières secondes nous plongent dans l’action « in medias res ». On suit Lucy, de dos, filmée en caméra épaule, traversant les couloirs de l’hôpital dans un rythme effréné. Très vite, l’action va se concentrer sur le combat presque obsessionnel de Lucy envers cette mère et son fils, en situation de détresse.
On comprend très vite que si Adam n’est pas en bonne santé, sa mère est elle au bord du gouffre. Elle risque d’ailleurs de perdre la garde de son enfant si les choses ne s’arrangent pas. Au centre de tout cela, Lucy se démène pour les aider, multiplie les compromis et les dernières chances pour laisser Rebecca être auprès d’Adam, allant à l’encontre de l’avis de ses collègues.


La réalisation à l’épaule de Laura Wandel est brute, aucun artifice, le spectateur est plongé, comme dans un documentaire, au cœur de la réalité que vivent ces personnages. On peut penser aux frères Dardenne dans cette manière assez brutale de filmer, d’autant qu’ils sont tous les deux coproducteurs de L’intérêt d’Adam. Aucune musique n’accompagne le métrage, pas même au générique de fin, refusant de faire de ce film un thriller épique, même si l’on est pris par le rythme assez frénétique imprimé par les courses de Lucy à travers un hôpital au personnel démuni et accablé par la charge de travail et le manque flagrant de moyens.
En construisant le portrait de Lucy et de Rebecca, le film rend aussi hommage aux mères élevant leurs enfants seules, se battant jour après jour pour les élever dignement, malgré les difficultés que cela implique.




Anamaria Vartolomei est extrêmement convaincante et touchante dans ce rôle de mère désabusée et en perte totale de contrôle sur sa vie et celle de son fils, mais c’est bien Léa Drucker qui est de tous les plans du film et qui impressionne par la maîtrise de son jeu. Laura Wandel ne la lâche pas et capte ses moindres gestes, ses moindres respirations.
Le dernier acte du film voit Lucy prendre des risques pour tenter de raisonner Rebecca, elle n’hésite pas à aller à l’encontre de sa déontologie et de la morale, pour le bien de cette mère. C’est assez percutant, et c’est renforcé par le silence assourdissant accompagnant le générique de fin.
L’intérêt d’Adam est donc un film à aller découvrir, pour son sujet d’une grand importance qui y est traité avec une belle justesse par sa réalisatrice et par son duo d’actrices qui fonctionne extrêmement bien.
Enzo Beaufort