Critique : Lego Batman, Le Film
CRITIQUE ANCIENS FILMS
Romain Dubois-Gombert
9/14/20254 min read
Les films de super-héros doivent-ils obligatoirement être sombres pour être bons ?
C’était l’idée qu’avait avancée la trilogie de films The Dark Knight de Christopher Nolan et l’univers DC créé par Zack Snyder en opposition avec l’univers cinématographique de Marvel connu pour ses films colorés, sortant à la chaîne et souvent impersonnels. Et si l’idée de montrer les super héros comme des êtres presque mythologiques et intouchables par rapport aux humains est intéressante sur le papier, cela a surtout donné des films sur-stylisés, mal écrits et, pour finir, à l’instar de Marvel, le studio DC n’a fait que se répéter et accoucher de projets qui ressemblent soit à des sous-Scorsese comme Joker, soit à des films sans âme charcutés par des studios comme Batman vs Superman. Au point que Batman est devenu un héros un peu ridicule, sombre pour être sombre et sans réelle identité propre.


En plus, en ce qui me concerne, l’histoire de Batman je m’en fous pas mal. Enfin, si, c’est triste qu’il ait perdu ses parents, d’accord. Mais suivre les histoires d’un héritier milliardaire qui n’a aucun super pouvoir à part avoir beaucoup d’argent et qui en plus a inspiré énormément d’horribles personnes qui pensent être Batman alors qu’elles habitent à Thonon-les-Bains, ce n’est pas spécialement ce qui m’intéresse.
Pourtant il y a pour moi un film Batman qui se démarque et qui, selon moi, est la meilleure adaptation du héros sur grand écran : Lego Batman. Sorti 3 ans après le très bon La Grande Aventure Lego qui avait réussi à transformer une publicité géante en film d’action et d’aventure familial très drôle et inventif, ce spin-off sur le personnage de Batman avait pourtant tout pour être une mauvaise idée. Déjà, il était signé Chris McKay, qui n’a jamais réalisé de très bons films et qui se contente depuis surtout de films de commande pour des plateformes, alors que le premier film était l’œuvre du duo Christopher Miller et Phil Lord, connus dans le monde de l’animation pour des dessins animés comme Tempête de boulettes géantes ou leurs comédies comme 21 Jump Street.
De plus, les films parodiques de super héros, c’est souvent une excuse pour rajouter quelques blagues rarement très drôles à une histoire déjà vue mille fois. Comme c’est le cas avec la très mauvaise trilogie Deadpool de Marvel qui, à l’arrivée, n’a rien su faire de son super héros censé être anticonformiste et qui s’est surtout contentée de faire de mauvais jeux de mots et des allusions sexuelles au milieu d’un scénario classique et d’une mise en scène impersonnelle pour au final accoucher d’un produit fade et calibré, tout en se faisant passer pour un renouveau du genre.
Et si Lego Batman tombe parfois dans ce piège et ne parvient pas à atteindre le niveau de La Grande Aventure Lego, cherchant parfois la référence pour la référence, au point d’en oublier le cœur de son histoire et ayant parfois du mal à jongler entre l’univers Batman et le cœur émotionnel de son récit, le film arrive pourtant à trouver un équilibre assez miraculeux et s’impose comme l’un des meilleurs films de divertissement grand public de super héros que l’on ait pu voir depuis quelques années.


En désacralisant le personnage de Batman, vu comme un solitaire un peu ridicule s’ennuyant seul dans sa grande villa et incapable de nouer un lien avec qui que ce soit, même son méchant de toujours : le Joker, le film respecte cependant totalement son héros et lui fait connaître une belle évolution grâce au personnage de Robin qu’il va adopter à contrecœur et qui va lui permettre d’évoluer et de changer. Et si ce postulat est un peu ridicule et qu’au final, oui, le film nous rappelle l’importance de l’entraide et de la créativité et qu’il a sûrement été réalisé avec de très mauvaises intentions et l’idée de vendre un maximum de personnages Lego Batman pour Noël, c’est quand même fait avec beaucoup plus d’idées et de cœur que dans la plupart des films du genre.
Le film réussit alors quand même l’exploit de mêler film d’action bruyant en ressortant de son coffre à jouets tous les méchants de la Warner Bros, histoire d’amour clichée pourtant attachante et offre au personnage de Batman sa meilleure évolution en lui proposant une approche presque mélancolique sur la solitude et la question de la place du héros dans notre société. En plus, il y a une relation homosexuelle entre Batman et le Joker donc forcément, c’est le meilleur Batman.
Romain Dubois-Gombert

