Critique : Dis-moi qui je suis, le poids de la vérité

CRITIQUE ANCIENS FILMS

Kassandre Lou Vinatier

10/21/20254 min read

Des frères jumeaux inséparables depuis la naissance vivent un incident majeur ; l’un deux a perdu la mémoire et doit tout réapprendre.

Après son accident de la route, Alex ne se souvient plus que d’une chose, son jumeau. Il doit tout réapprendre et compte sur Marcus pour l’aider. Son frère lui dépeint une enfance paisible avec des parents aimants et de bons souvenirs de famille. Mais Alex est troublé par le comportement de son frère envers ses parents. A leurs morts, tous les deux doivent vider la maison dans laquelle ils ont grandi mais une autre vérité que Marcus tentait de cacher à tout prix éclate au grand jour.

On pourrait croire à un pitch de thriller psychologique alambiqué, mais c’est bien un film documentaire relatant l’histoire d’Alex & Marcus que nous livre Ed Perkins. Sortie en 2019 sur Netflix , Dis-moi qui je suis est passé sous les radars des abonnés, peut-être pas assez sanglant pour les amateurs de true crime et trop sombre pour les amateurs de biopics. Pourtant, Dis-moi qui je suis est un petit bijou de documentaire, avec une mise en scène très intéressante qui nous plonge tour à tour dans la perception d’Alex, l’amnésique, et de son frère Marcus.

La question posée tout au long du film est : Doit-on vraiment tout dire / tout savoir ? Marcus porte le poids d’un lourd secret qu’il ne veut partager ; pour protéger son frère, mais aussi se protéger lui-même de ces évènements traumatiques qu’il refoule depuis toujours.

A travers des photos et des reconstitutions, Perkins nous entraîne dans un monde froid et sombre, dévoilant petit à petit l’horrible vérité qui entoure la famille. Alex tente tant bien que mal d’assembler le puzzle de sa vie passée mais l’ultime pièce manquante reste impossible à trouver, cachée au plus profond de la mémoire de son jumeau.

La dernière séquence réunit les deux frères, face à face, comme une dernière chance pour que le mensonge cesse. Mais alors que Marcus avait réussi à se livrer seul face caméra, il se retrouve mutique devant Alex. Dans son silence, on ressent toute sa peine et sa dualité face à ce choix cornélien ; arrivera-t-il à surmonter sa propre douleur pour apaiser celle de son frère ?

Jusqu’à la dernière minute, il est impossible pour le spectateur de prendre partie pour l’un des deux frères. En effet, la narration reste assez neutre, ce qui peut déranger certains comme on peut lire dans les commentaires de réseaux sociaux spécialisés en cinéma. Pour ma part, je trouve le film d’une grande justesse au niveau de l’émotion et il n’aurait sans doute pas eu le même impact si le traitement des deux frères avaient été différents.

Malgré tout l’attachement que j’ai pour ce film, je ne le recommanderais pas à un public trop jeune ou « sensible » car les thèmes traités sont assez lourds et peuvent choquer.

Pour les autres, je vous invite à prendre (seulement) 1h25 de votre temps pour découvrir cette petite pépite dispo sur Netflix.

Kassandre Lou Vinatier