Critique courte : Playtime, ou fragmenter le burlesque

CRITIQUES COURTES

Yanko Nikitine-Didi

5/28/20251 min read

Playtime euphémise la société bourgeoise parisienne par un monde en vas-clot dans lequel l'autonomie mécanique des choses a remplacé la complexité de la paroles et des interactions sociales. Monsieur Hulot (Jacques Tati lui-même) fait l'expérience de ces nouvelles formes hégémoniques par la matière ; un burlesque sans cesse renouvelé. Distanciation Brechtienne que celle opérée par Tati lors de ces totalisations comiques par le fragment (qui valent pour elles, ce cernier s’étant débarrassé de toute trame, de toute intrigue, de toute dramaturgie narrative). Mais si cette grande idée semble s'affaisser après 20 minutes car on en comprend toute la teneur (celle de caricaturer par l’allégorie un espace-temps), la faire durer 2h témoigne au final de l'absurdité et de la mélancolie que Tati voit en l'anomisme contemporain (miroir d’une certaine aliénation que le capitalisme induit). C’est alors moins la démonstration qui importe que le fait de la faire durer : Playtime use, étire, lasse, comme pour mieux traduire cette ère de dépersonnalisation. Moderne et clairvoyant sur son temps, l’on regrette simplement que le film repose uniquement sur un dispositif dont on voit rapidement les rouages et les limites.

                                                                                                                                                              Yanko Nikitine-Didi