À son image, à ses dépens

CRITIQUES COURTES

Thomas Lignereux Ocana

5/14/20251 min read

Militant, terroriste, égoïste ou altruiste. Voilà quelques jugements hâtifs, certains moraux, que l'on pourrait appliquer machinalement à ses indépendantistes corses. Si cela n'est pas du terrorisme quand est-ce du militantisme ?

Thierry de Peretti ne semble même pas vraiment se poser la question. Il outrepasse aisément les potentiels développements binaires, pour laisser libre cours à des questionnements matérialistes. Faire parti du FLNC (Front de libération nationale corse) relève d'un besoin viscéral de liberté et de souveraineté et s'en détacher semble toujours démontrer, à l'inverse, d'un besoin intrinsèque de fonder une famille, de s'assurer une vie stable, dans la dignité.

Les mises en abyme régulières n'ont de cesse de renouveler notre regard face au réel puisque les clichés photographiques tendent, par leur fixation, à étoffer cette dialectique déjà mise en place par le récit.

Yougoslavie ou Corse, même combat ? Comment se positionner, comment orienter son image, quoi montrer, quoi omettre ? Un fort positionnement moral infiltre alors de fait ces choix de fragmentation du réel, particulièrement pour Antonia, en tant que photo-reporter, mais aussi pour de Peretti comme cinéaste. Montrer sans prendre parti est d'autant plus une tâche ardue.

Tout cela n'est toutefois jamais que le moyen subtil d'interroger l'individu en tant qu'entité propre, au sein du collectif, parfois en marge ou même en totale rupture. Penser le militant, l'activiste, le journaliste pour penser avant tout l'humain dans toutes ses aspérités.

A l'instar du Garçu de Pialat, fragments elliptiques de vie s'enchaînent et parfois se répondent, décuplant la valeur éphémère de l'instant face à l'inexorable passage du temps, figeant l'image pour toujours dans une permanente instabilité.



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Thomas Lignereux Ocana