A Scene at the Sea : Amour silencieux
CRITIQUE ANCIENS FILMS
Enzo Beaufort
7/11/20252 min read
Dans une petite ville du Japon bordée par la mer, une planche de surf bazardée dans une poubelle est trouvée par Shigeru, l’un des personnages de A scene at the sea . Ce dernier se met alors à délaisser son travail d’éboueur pour se consacrer à sa nouvelle passion, sous le regard fier et quelque peu amusé de sa petite amie, Takako.
Ce postulat de départ minimaliste va laisser à Kitano toute la place pour développer la relation presque platonique entre ses deux personnages puisqu’il n’y a que des regards emplis d’amour et des gestes d’affection entre eux, jamais de plaisir charnel. Autre détail qui a son importance, Takako et Shigeru sont sourds et muets, et le silence fait ainsi partie de leur quotidien. Silent love, Forever love , ce sont les seules et uniques paroles de la bande originale du film composée par Joe Hisaishi et ces mots résument bien la romance dessinée par Kitano. L’amour qui lie les deux semble indestructible, tant il est rempli de tendresse et de bienveillance. Notre regard est attiré par des petits détails : le regard de Takako rempli de fierté envers Shigeru, une main sur l’épaule, une étreinte. Chacun de ses détails vient nous rappeler à quel point aimer et être aimé peut embellir une vie qui semble parfois morose.


Cette mélancolie est retranscrite grâce au bleu si propre à la photographie de Kitano, se mélangeant au gris du béton et du sable qui entoure cette ville côtière Japonaise. Mais cette atmosphère est contrastée par les vêtements des personnages, souvent habillés de couleur vives et qui attirent notre regard pour qu’il se focalise sur eux et leurs émotions.
La mise en scène, elle aussi, est assez minimaliste et composée en grande majorité de plans fixes, qui durent, permettant de poser notre regard et d’apprécier chaque moment de vie qui se dégage de ce métrage. Chaque plan est un tableau que peint le réalisateur et dans lequel les personnages viennent créer l’action. Dans A scene at the sea, Kitano laisse toute sa poésie opérer pour réaliser son œuvre la plus sensible.


Dans son dernier acte, cette romance douce et délicate se transforme en une véritable tragédie romantique et particulièrement bouleversante, magnifiquement appuyée par le morceau Silent love de Joe Hisaishi, laissant place au seul bruit des vagues comme conclusion.
Enzo Beaufort.

